une petite (grande) victoire

Le numéro du laboratoire s’est affiché sur mon téléphone à 17.45 hier soir. J’ai respiré un grand coup et j’ai répondu.

– Allo, c’est le laboratoire, on a votre résultat Bhcg. (rapide analyse de sa voix, elle a l’air désolée, je le sens. Non, en fait, elle a l’air gentille, c’est tout). 

–  Alors c’est 683, ça a bien monté (gros gros soupir de soulagement de ma part, 683, tu parles que ça a bien monté, c’est extraordinaire, ma chère, je n’ai jamais eu ce taux, jamais, enfin peut-être à la toute première grossesse, vu qu’on était ignorants et naïfs et qu’elle s’est arrêtée sans qu’on le sache).

– Bon, alors bon week-end !

– Merci, oui, à vous aussi, merci d’avoir appelé !

Et là, toute seule dans mon salon, j’ai levé le poing et je me suis dit à moi-même, en pleurant de soulagement, « yes, yes, YES ! ».

Jusqu’à maintenant, j’ai toujours eu des taux qui baissaient. C’est la première fois que je peux voir qu’il monte, et qu’il monte plutôt bien.

Mais je ne sais que trop bien que rien, rien n’est gagné.

C’est étrange aussi, car rien de ce que je ressens ne me rassure. Ou alors c’est variable selon les moments. Je sens des tiraillements surtout du côté gauche, celui qui a produit le follicule, de temps en temps. D’abord, cela m’a inquiétée (évidemment, tout m’inquiète). Ensuite, j’ai lu que cela pouvait être le corps jaune qui travaillait pour produire de la progestérone. Alors du coup, maintenant ça me rassure. Si je ne le sens plus un certain temps, c’est là que ça m’inquiète. Ma poitrine n’a pas grossi, ou un tout petit peu, et elle est juste sensible quand je la touche. Ce qui signifie que de temps en temps j’essaie en croisant les bras de la tripoter discrètement, j’espère que c’est effectivement discret…

Et, autre évènement incroyable à mes yeux, surtout si l’on considère qu’il s’agit du monde médical PMA qui, à part la Dresse optimiste, ne m’a pas vraiment subjugué pour le moment, eh bien la Dresse optimiste m’a TELEPHONE à la maison, pour avoir de mes nouvelles, le soir du premier Bhcg. Comme ça. Elle m’a dit qu’elle avait bien pensé que je ferais une prise de sang et elle voulait savoir le résultat. Du coup, elle m’a ensuite donné son e-mail pour que je lui envoie le 2ème taux, ce que j’ai fait. 15 minutes après, elle m’avait répondu, disant qu’elle était très contente pour nous, qu’il fallait que je continue impérativement l’Utrogestan, que l’on testerait la TSH le 11 février et que non, ce n’était pas nécessaire de faire une 3ème prise de sang (ça, c’est bibi qui avait posé la question, bien sûr).

Cela fait du bien de se sentir suivis. Vraiment. Cela n’a pas de sens, mais cela me fait un tout petit peu moins peur que  cela s’arrête, car elle serait là pour me ramasser à la petite cuillère. Et j’ai besoin de sentir ce soutien, son optimisme et sa confiance aussi, qui me font encore bien défaut.

Mais comme a dit Monsieur Myrtilles ce matin, alors que je ne réagissais que très peu à ses réflexions, qui commençaient globalement par « quand le bébé sera là… », ou « avant que le bébé n’arrive… » : « ce n’est pas parce qu’on ne se réjouit pas aujourd’hui qu’on sera moins tristes si cela ne tient pas. Alors autant faire comme tous les couples qui n’ont pas vécu ce qu’on a vécu, se réjouir, tout simplement. Il sera bien temps d’être triste si c’est ce qui nous attend ».

Il a raison bien sûr, mais c’est un tellement gros risque, encore. Je n’arrive pas à m’empêcher de préciser après ses phrases qui comment par « quand » : « si ». Pour moi c’est encore « s’il arrive », « si cela tient ».

Et surtout, impossible de dire ce qui pour l’instant semble être le cas : je suis E……e.