Que celles qui me liraient en n’étant pas (encore) mères me pardonnent, ceci est un billet un peu fourre-tout sur la maternité, du moins certains de ses aspects, sur le fait d’être maman. Des émotions, sentiments, dont je voulais garder une trace écrite, un moyen aussi de mettre des mots sur ce qui m’habite parfois.
Quand mes enfants étaient tout petits, quand ils avaient surtout besoin de ma présence, que je les berce (même si aucun des deux ne s’est jamais vraiment endormi dans mes bras), que je les câline, que je les nourrisse, je n’avais pas trop de doutes sur ma capacité à remplir mon rôle de maman.Oui, les pleurs, c’est difficile, la fatigue aussi, mais je me sentais à la hauteur.
Quand ils ont grandi un peu et qu’est venu le moment de commencer à leur apprendre certaines choses, petit à petit, par le jeu essentiellement, mais qu’ils me considéraient encore comme une presque divinité omnisciente, omnipotente et omniprésente (oui, oui, il faut se leurrer, parfois…), je n’avais pas trop de doutes non plus.
Aujourd’hui, le cadet de presque 8 mois est encore dans ces besoins-là, mais je vois déjà poindre ses envies d’indépendance et son intérêt pour le monde qui l’entoure (comprenez : il regarde les autres plus qu’il ne me regarde, ce qui est bien normal, mais quand même, mon dernier bébé, s’il te plaît, ne grandis pas trop vite non plus !).
L’aînée par contre, même si je la sens tiraillée entre l’envie de rester un bébé et celle d’être grande, me pousse régulièrement dans mes retranchements. Même si j’ai lu quantité de bouquins sur la parentalité, notamment l’éducation respectueuse, qui me parle beaucoup mais que je me sens parfois bien incapable d’appliquer correctement, chaque jour je suis confrontée à mes pires défauts, aux côtés de mon caractère que je connais mais ne veux pas voir et suis en mesure d’éviter ou de contourner dans mes autres rôles que celui de maman.
Moi qui me suis juré de ne pas reproduire les attitudes de ma propre mère, dont j’ai pu souffrir étant enfant, voilà que je me surprends à avoir parfois les mêmes réactions. Cela me permet d’avoir un peu plus de compréhension pour elle, mais tout de même, comment un petit être de moins de 3 ans peut-il avoir ce pouvoir-là ?
Je parle de choses toutes bêtes : l’impatience par exemple, mon plus grand défaut sans doute. Le besoin de contrôler, de comprendre. Et aussi le désarroi face à l’impuissance, celle ne pas pouvoir panser toutes les plaies d’un petit enfant. Celle ne pas avoir de solution à certains pleurs ou alors une solution qui entraînera aussi une frustration. Frustration de ma fille constatant que je ne peux/veux pas répondre à tous ses besoins, la mienne car je sais que certaines frustrations sont inévitables et nécessaires mais me trouver dans ce rôle m’est parfois pénible.
Nous savons toutes et tous que nos enfants ne nous appartiennent pas. Que nous sommes là pour les accompagner vers l’autonomie, de la façon qui leur permettra au mieux d’exprimer qui ils sont. Tout cela en leur enseignant des règles de vie, en leur donnant confiance, en leur faisant confiance, aussi, même quand on aurait juste envie de les retenir encore un peu. Mais ça, c’est en théorie. En théorie, tout est facile.
Dans la réalité, je trouve pour ma part que chaque jour m’en apprend un peu plus sur moi, sur mon rapport à l’éducation, sur ce qui a fait que je suis la maman que je suis, qui n’est pas toujours la maman que je voudrais être. C’est une grande démarche de développement personnel que celle dans laquelle nous entraîne un enfant. Ou alors, peut-être que c’est uniquement moi qui le vis ainsi…
Chez moi, il y a passablement d’ambivalence par rapport au rôle de maman, je m’explique:
- A la fois, j’aimerais profiter un maximum d’eux, mais j’ai aussi un besoin important de temps pour moi. Mon travail, c’est un peu mon temps libre. Celui où je peux manger tranquillement à midi en lisant le journal, boire un thé encore chaud, sans devoir essuyer l’eau renversée, changer une couche, accompagner aux toilettes, lire une histoire, goûter une soupe aux légumes à base de legos, répondre au 957ème « pourquoi » et c’est seulement midi…etc. J’admire les mamans qui sont à la maison tous les jours. Je ne crois pas que je serais épanouie ainsi, mais ce n’est pas sans culpabilité que je le dis.
- Certains jours, quand j’ai l’impression que tous les deux n’ont fait que me réclamer à tour de rôle, et qu’il m’a semblé avoir toujours un temps de retard, donc pleurs de tous les côtés, j’ai juste envie de pleurer aussi un bon coup le soir. Ces soirs-là, ou du moins ceux où ça a été particulièrement difficile par exemple parce qu’il pleuvait et qu’il était difficile de sortir se défouler, combinés avec un syndrome prémenstruel, bref, le pire du pire, je me dis qu’en fait la nature voulait peut-être me faire comprendre que la maternité n’était pas pour moi lors de mes fausses-couches à répétition… Avec ma tendance à noircir encore le tableau, je me dis que mes enfants n’ont vraiment pas de chance d’avoir une maman comme moi ! Gérer les pleurs d’un nourrisson qui a faim ou mal ou sommeil ou juste besoin de pleurer, c’était simple, finalement. Pourquoi est-ce si difficile de gérer et surtout accepter avec empathie les pleurs d’un petit enfant qui grandit ? Considérer que, comme avant, cela fait partie de sa façon de s’exprimer et que petit à petit, avec mon aide, il arrivera à mettre des mots sur ses émotions et sentiments. Non, je n’y arrive pas toujours. Parfois, cela m’énerve, quand j’ai l’impression d’avoir tout essayé, quand je me sens impuissante. Et encore, si ce sont des pleurs de tristesse, de fatigue, ça va. Je peux juste la prendre dans les bras, être là. Quand ce sont des pleurs de frustration, de colère, dirigés contre moi, c’est plus dur. Vous gérez comment, vous ?
- Je vis par moments difficilement le manque de temps pour le couple et pour moi, pour faire du sport, notamment. Monsieur Myrtilles ayant des horaires parfois de nuit ou le week-end et nos familles n’étant que peu disponibles car vivant loin de chez nous ou trop âgés déjà pour gérer deux enfants, ce n’est pas simple de m’organiser même juste pour faire un peu de course à pied pendant 45 minutes ou alors, pour se faire un resto les deux. J’envisage de trouver une babysitter qui pourrait venir une fois par semaine dès la rentrée, mais là-aussi, je culpabilise car laisser mes bébés à une inconnue, juste égoïstement, dur dur.
Bref, voilà mes pensées que je ne livre que rarement.
Sinon, tout ce petit monde va très bien, le myrtillon est un (forcément) magnifique bébé souriant, charmeur, curieux, qui dévore ses purées, qui a deux dents, qui se retourne presque mais est encore coincé par un bras, mais qui sinon bouge et attrape tout ce qu’il peut. Il est en adoration devant sa soeur, c’est elle qui a droit à ses plus grands éclats de rire et elle aime s’occuper de lui (tant qu’il ne prend pas ses jouets…). Il grandit tellement vite, j’ai l’impression de ne rien voir passer ! Son regard et son sourire, ses bourrelets, me font complètement fondre. Son impatience quand il comprend qu’il va avoir à manger. Son rire. Mon petit gars. Mon 2ème miracle.
Mini-Myrtille est une petite fille qui parle tout le temps, qui s’occupe de son petit frère et de son bébé à elle (même qu’elle l’allaite! 🙂 ) C’est une petite (grande) fille qui veut tout faire seule et tout à coup veut être bercée comme un bébé. Qui a tout à coup eu le déclic pour l’usage des toilettes, propre de jour comme de nuit (j’ai tenté l’achat des culottes « reine des neige », dont je lui ai dit qu’elles étaient pour elle et que le jour où elle ne voudrait plus les pampers, il fallait qu’elle me le dise et qu’elle pourrait avoir les culottes… je n’y croyais pas trop, mais elle a visiblement enregistré et 3-4 semaines après, elle m’a dit qu’elle ne voulait plus de pampers et c’était bon…). Qui a en ce moment des peurs (du vent, du chat, des oiseaux qui chantent et pourraient rentrer dans la maison) mais qui me dit tous les jours qu’elle se réjouit d’aller à l’école (dans deux ans). Qui n’aime pas le bruit, qui adore les colliers et bijoux, les sacs, les chaussures… une fille, quoi. Qui aime les vacances, quand nous sommes tous les 4, et qui était triste d’en voir la fin, comme nous, d’ailleurs, même si nous sommes restés par ici. Qui adore le moment de l’histoire du soir, où j’invente quelque chose à partir d’une image qu’elle choisit dans un livre et où on se met toutes les deux dans un tipi que je lui ai fait dans sa chambre. Elle se couche tout contre moi, prend son pouce, et écoute, puis m’interrompt, demande une précision, a besoin de tout comprendre. C’est le moment où je peux l’écouter vraiment, avec toute mon attention, la regarder, ancrer dans ma mémoire cette petite fille, ma petite fille, mon premier bébé.